Agir au quotidien
Marine, pour une alimentation « respectueuse de la terre et des hommes »
Publié le 2 août 2016
D'abord engagée contre le gaspillage alimentaire et auprès des publics fragilisés au sein du mouvement Disco Soupe, Marine Lafon, 28 ans, se bat aujourd'hui pour la mise en valeur de l'agriculture durable.

Dans leur propriété italienne, en Ligurie, Marine Lafon et son mari Maxime font pousser des olives et fabriquent leur propre huile. « On a eu le coup de foudre pour cette terre abandonnée et on a décidé qu’elle serait le centre de notre boussole », explique la jeune femme. Boussole qui, le reste du temps, les mène à vélo à la rencontre d’acteurs de l’alimentation durable, car telle est la mission qu’ils se sont fixés dans le cadre d’Autonomia Project…
L’alimentation, vecteur de lien social
Pourtant, il y a 10 ans, rien ne prédestinait cette jeune femme de 28 ans, diplômée de l’EM Lyon, à son parcours militant. « Bonne élève, j’ai traversé la classe prépa la tête dans le guidon. Mais en première année d’école, j’ai réalisé que je n’avais pas pris le temps de me demander où j’allais… » Dès lors, Marine décide de se faire l’architecte de son parcours. Elle consacre son projet de fin d’études à l’alimentation, au sein d’une maison d’alphabétisation pour femmes immigrées… Elle réalise, en y animant des ateliers de cuisine, à quel point la nourriture peut être vecteur de lien social. « Elle rapproche les gens qui n’ont pas les mots pour communiquer. C’est en cuisinant que les immigrés racontent leur culture », explique-t-elle.
C’est à cette période qu’elle rencontre les créateurs de Disco Soupe. Vous savez, ce mouvement qui consiste à récupérer les fruits et légumes invendus pour en faire des festins collectifs et lutter contre le gaspillage ? Elle y fait également la connaissance de Maxime, jeune ingénieur qui venait pour la première fois à une Disco Soupe, à la Goutte D’or. « Je suis tout de suite tombé amoureux. Marine ne dédie pas son énergie à l’argent mais à ce qui lui semble juste », dit-il.
Ateliers dans les foyers et bocaux
De plus en plus impliquée, la jeune femme créé un sous-projet de Disco Soupe : Buena Disco Sociale Soupe. Ce programme d’ateliers récurrents, en partenariat avec des foyers d’accueil, vise à créer de la convivialité et à fournir une nourriture saine et gratuite à des publics fragiles.
Bien vite, une autre idée vient à Marine: « Je voulais que les gens soient bien nourris quotidiennement », et pas seulement lors des événements, dit-elle. Le moyen, c’est de mettre la nourriture en bocaux ! Sous la houlette du projet européen contre le gaspillage, Fusions, le projet Disco BôCô commence en 2014. En partenariat avec une résidence sociale de l’Armée du salut, les participants y cuisinent en musique des préparations à base de fruits et légumes invendus et les mettent en bocaux. Ils peuvent ainsi les consommer tout au long de la semaine ! Depuis, le projet a essaimé : Lyon, Nantes, Marseille, Tours…
Colette Rapp a beaucoup travaillé avec Marine, lors du montage de Disco Bôcô. A l’époque, elle-même lançait les confitures Re-Belle, cuisinées avec des fruits invendus : « Marine m’a fait évoluer. Elle est m’a aidée à tester des formats, des recettes. Elle est méticuleuse et a un vrai souci de sublimer la nourriture », dit-elle.
Attaquer le mal à la racine
Récemment, Marine a vécu un tournant dans sa vie. Elle quitte alors la vie parisienne pour aller à la rencontre de « ceux qui résistent à une production irrespectueuse de la terre et des hommes ». « Cela ne suffisait plus à Marine de travailler à partir des invendus, car s’il y a tant de gaspillage, c’est que notre système à un problème. Elle voulait aller à la source pour y remédier ! Elle a un idéal très élevé et se donne les moyens d’aller le chercher », explique Colette.
Passionnée par les semences paysannes et les techniques de culture responsables, la jeune femme veut mettre en pratique ce qu’elle a appris, « être dans le faire », et lance avec Maxime un projet de voyage sur la thématique de l’alimentation durable. Autonomia Project est né.
Mais heureusement, les projets qu’elle a lancés existent toujours. « Elle tient à terminer ce qu’elle commence », affirme Maxime. Disco Soupe est en effet un mouvement Open Source qui permet de reproduire des projets existants. Ici, par exemple, la boîte à outils pour organiser son propre Disco BôCo.
Et la suite ? Marine et Maxime comptent continuer de voyager et de construire une existence en accord avec leurs valeurs. Idées d’écriture, projets de vidéo… L’idée est de « transmettre ». « On veut raconter ces histoires de vie et les savoir-faire que nous découvrons et qu’il faut se réapproprier. Il faut que les gens sachent qu’il existe des alternatives au système qui domine aujourd’hui », dit Marine.
En surfant sur leur site, on peut d’ores et déjà partir à la rencontre de Fabrizio, producteur de pommes de terres, bénéficier des conseils de Paolo pour bien choisir son huile d’olive ou en savoir plus sur les semences médicinales avec Stefania et Nicolas. Bon voyage !
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