Entreprendre, mode d'emploi
L’épargne des uns donne vie aux projets des autres
Publié le 30 mars 2015
La solution pour que vous ne vous sentiez plus jamais seul dans vos démarches de création d'activité: l'épargne solidaire. Notamment via les Clubs d'Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Épargne Solidaires (Cigales). Accompagnement, conseils, soutien moral et financier sont les maîtres mots de ces investisseurs d'un autre genre.

« Nous ne cherchons pas une plus-value financière mais sociale, écologique et culturelle. Un Cigales soutient la création et le développement d’entreprises locales respectueuses de l’humain et de l’environnement, en injectant son épargne à leur capital social », explique Jean-Yves Angst coprésident de la fédération nationale des Cigales. Vous l’aurez compris, inutile d’être banquier, comptable ou richissime pour accompagner celles et ceux qui se lancent dans la grande aventure de la création d’activité. « Il n’y a pas de pré-requis pour devenir cigalier. Chacun à sa place, nous venons d’univers et de milieux différents. C’est justement cette diversité qui fait notre richesse et notre pertinence. »
Soutien important aux coopératives
Un club a une durée de vie de 5 ans et est constitué de 5 à 20 personnes qui mettent donc en commun une partie de leur épargne. Ensemble, ils rencontrent des porteurs de projets locaux et décident auxquels ils vont apporter leur soutien.
« Au sein de la Cayenne, notre Cigales, nous avons fait le choix de ne soutenir que des coopératives, estimant que leurs statuts garantissent une éthique qui nous correspond : pas de spéculation sur le capital, une personne/une voix et le pouvoir est lié à la personne, pas à l’argent. C’est à nos yeux, la seule situation non violente à la crise, qui permet de lutter contre le capitalisme », précise Jean Yves Angst.
Un soutien de poids
Pour beaucoup de porteurs de projets, les Cigales sont le pied à l’étrier, le premier soutien quand les banques et institutions se montrent frileuses. « Deux ans même avant l’ouverture de notre bar culturel et solidaire, alors qu’on était au tout début du projet, un club Cigales nous a fait confiance. Ils étaient treize, ça nous a fait du bien, on se sentait légitimés, on pouvait dire aux banques, si eux nous suivent, pourquoi pas vous ? », se souvient Ivan, ancien cogérant du Plan B à Poitiers.
Ivan et Greg, les fondateurs du Plan B. Photo Philippe Quintard
Elodie, cogérante de WorkingShare, coopérative de co-working à la Rochelle précise, « grâce aux cigaliers rentrés à hauteur de 7.750 euros dans notre capital social, nous avons gagné des actionnaires supplémentaires, ça nous a permis dans la foulée de débloquer un prêt bancaire de 10.000 euros ».
Un échange de savoirs
Plus qu’un soutien financier, c’est l’expérience humaine qui ressort des témoignages des cigaliers comme des porteurs de projets. « Nous étions motivés, avions un tas de compétences différentes, mais on ramait pour la partie comptable et juridique. Deux des cigaliers étaient profs de compta, ils nous ont aidé à monter notre plan d’affaires. Cinq clubs nous accompagnent, on y gagne des regards différents et avisés, des retours d’expériences. Ils sont bienveillants tout en nous poussant à bosser et à cadrer notre projet de façon très professionnelle », s’enthousiasme Élodie.
WorkingShare, Photo Martin Charpentier
Que devient l’épargne solidaire ?
Les deux parties signent une convention qui établit entre autres les modalités de remboursement de l’épargne investie par le/les clubs. Certains retrouveront leur capital à l’issu des cinq ans et d’autres ne le reverrons pas, c’est ce qu’on appelle un capital risque. « Nous aurions pu tout rendre dans cinq ans, mais c’est important pour nous d’honorer des remboursements au fur et à mesure pour que cet argent puissent être réinvesti au profit d’autres projets », précise Bénédicte, coordinatrice, encadrante technique d’un chantier d’insertion en maraîchage bio.
25 euros : épargne moyenne par cigalier
250 cigales en France
100 projets soutenus chaque année
2 millions d’euros de sommes investies actuellement dans les fonds propres des entreprises
Virginie Léonard, membre du Regain, Cigales soutenant ces chantiers, ajoute, « quelques soient les modalités de remboursement, ce qui compte pour nous, c’est l’aspect solidaire qui émane de tout ça, on sait ce que devient notre épargne, si petite soit-elle, nous la gérons nous-mêmes, en choisissant les projets qui nous tiennent à cœur, pour agir localement sur notre territoire. Le tout dans une relation de confiance, basée sur une réflexion commune et des liens d’amitié qui se tissent au fil des ans ».
Vous souhaitez que votre épargne soit utile ? Pas besoin d’être richissime pour devenir cigalier et donner un coup de pouce à des projets : l’épargne moyenne est de 25 euros par mois. Deux solutions s’offrent à vous : – intégrer un Cigales existant dans votre ville/région. Soit vous connaissez des Cigaliers, soit vous pouvez passer par l’association locale de votre région. – créer son propre Cigales. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre association locale. Plus d’infos sur le site de la Fédération Nationale des Cigales. Et pour vous initiez à l’épargne solidaire, découvrez le jeu de société Fricsol
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