Projets inspirants, créateurs inspirés
Soul Custom donne une seconde vie aux meubles
Publié le 28 janvier 2014
Une association nancéienne mêle design, récup’ et insertion par l’activité économique. Rencontre avec Anthony Charuel, son fondateur.

Anthony Charuel, 28 ans, originaire de Bar-le-Duc en Lorraine, a lancé l’association Soul Custom. En parallèle, il étudie en M2 management des entreprises d’insertion.
Soul Custom s’est fixé pour objectif d’insérer des personnes en difficulté, en travaillant notamment dans la customisation de mobiliers recyclés. Salariés en insertion, designers et artistes se mêleront donc dans le projet. Lancé en juin 2012, Soul Custom a reçu en novembre dernier le prix PEEES (Prix de l’Etudiant Entrepreneur en Economie Sociale) de la LMDE, soutenu par le programme Jeun’ESS. Son fondateur nous en dit un peu plus sur le projet et ses motivations.
Comment avez-vous décidé de vous lancer dans l’entrepreneuriat social ?
L’idée a émergé en juin 2012. Je ne me retrouvais plus dans les activités que j’avais pu exercer, que ce soit en MJC, dans des centres sociaux ou dans l’éducation populaire. Je trouvais que c’était trop cloisonné, que ça ne répondait pas aux différents problèmes de notre société. J’étais alors au chômage. J’ai utilisé mon temps pour me poser. J’ai lu, j’ai découvert des projets, rencontré des personnes, notamment en Rhône-Alpes.
C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de me lancer dans l’insertion par l’activité économique. Au début, j’étais plutôt parti sur un restaurant solidaire. Mais finalement, à force d’échanger avec des amis, je me suis dit qu’il fallait rebondir sur le regain d’intérêt pour le second hand. A mon sens, il y a une urgence à agir et à promouvoir l’économie circulaire, les comportements plus responsables.
J’en suis à la 6ème association formée !
De manière plus générale, j’ai toujours gravité dans l’éducation populaire, les associations. C’est là qu’on découvre des projets, sans même savoir qu’on fait de l’économie sociale et solidaire. Et puis, c’est dans mon tempérament : j’en suis à la 6ème association formée ! Mais là, pour moi, c’est une nouvelle étape, avec plus d’enjeux. Une vraie démarche d’entrepreneuriat social pour transformer de manière durable l’activité économique. Le tout associé à une démarche environnementale.
Comment avez-vous été accompagnés pour mener votre projet ?
Nous avons obtenu différentes aides, notamment du Fonds social européen, pour la phase d’émergence de l’association, de France Active (via Lorraine Active), ainsi que des soutiens de plusieurs collectivités territoriales. Il s’agit de subventions de fonctionnement, d’investissement et d’aides aux postes. Avec certaines collectivités territoriales, on devrait se diriger ensuite vers des contrats de 2 ou 3 ans par rapport à notre activité d’insertion.
Nous avons aussi eu la chance d’être lauréats du programme d’accompagnement SFR Jeunes talents. De manière générale, on a commencé à être accompagnés en janvier 2013. En général, ce sont des rendez-vous réguliers, tous les mois. Par exemple : Lorraine Active nous a accompagné sur le budget, l’union régionale des entreprises d’insertion sur le programme d’insertion, etc. Ils sont toujours avec nous aujourd’hui, dans cette phase de concrétisation.
Nous avons comme objectif d’augmenter en puissance d’auto-financement progressivement, avec l’idée d’atteindre un seuil de 75 à 80% de financement via notre activité économique d’ici mi-2017.
Où en est le projet aujourd’hui ?
Nous sommes dans la phase de préfiguration, de structuration, d’émergence. Des partenariats sont déjà en place. Nous avons encore besoin d’un peu de temps pour le prototypage des mobiliers. Par ailleurs, nous sommes toujours à la recherche de nos locaux.
Aujourd’hui, nous sommes entre 25 et 30 bénévoles, ainsi qu’un salarié – moi. Dans les prochains mois, nous allons recruter 2 à 3 salariés permanents créatifs, qui auront aussi une fonction d’encadrement. Et dans la foulée, des personnes en insertion : 2 CDDI (contrat d’insertion) et un emploi d’avenir. L’idée est d’avoir prochainement une équipe salariée composée de 7 à 10 personnes.
Nous avons déjà vendu des meubles ou participé à des expositions. Nous le faisons quand nous sommes sollicités, par exemple pour l’association « Partage ton frigo », qui lutte contre le gaspillage alimentaire. Nous allons également aménager un espace de co-working à Nancy. Cela nous permet de faire des expérimentations. A terme, nous aurons des petites séries ainsi que des créations uniques, plus couteuses, mais aussi plus recherchées d’un point de vue créatif.
Quelles valeurs comptent à vos yeux ?
Il est très important pour nous de travailler l’ancrage territorial. Nous allons privilégier la vente en circuit court, c’est-à-dire en Lorraine (même si nous aurons surement des collaborations avec des salons).
Par ailleurs, ce qui fera la différence entre nous et Ikéa ou Fly, c’est que chez Ikéa, les gens sont anonymes. Nous, on essaie de mettre en avant le côté humain.
Enfin, il faut souligner que c’est une aventure collective. Que ce soient les bénévoles et créatifs ou les collectivités et partenaires : tout le monde est impliqué dans le projet.
Il sera présent au Salon des entrepreneurs de Paris, le 6 février 2014, lors de l’atelier « A la rencontre de jeunes entrepreneurs sociaux »

Rédigé par
2 commentaires
Cliquez sur le + pour voir les commentaires.
Etudiants, jeunes diplômés, participez au PEEES - Say Yess
Publié le 24 juin 2014
[…] >> Le témoignage d’Anthony Charuel, lauréat 2013 pour son projet Soul Custom […]
C'est quoi l'entrepreneuriat social ? - Say Yess
Publié le 03 février 2014
[…] Anthony Charuel, créateur de l’association Soul Custom, est devenu entrepreneur social suite au constat qu’il y avait « une urgence à agir et à promouvoir l’économie circulaire, les comportements plus responsables ». Au départ, […]